s’est contenté de citer le texte manuscrit; mais on voit que Voltaire l’a modifié dans la suite, car les premiers mots du passage cité manquent dans le texte imprimé.
N. 354. – Nordberg, dans son Histoire de Charles XII, rapporte une lettre du czar au grand vizir, dans laquelle il s’exprime en ces mots: «Si, contre mon attente, j’ai le malheur d’avoir déplu à Sa Hautessse, je suis prêt à réparer les sujets de plainte qu’elle peut avoir contre moi. Je vous conjure, très-noble général, d’empêcher qu’il ne soit répandu plus de sang, et je vous supplie de faire cesser dans le moment le feu excessif de votre artillerie. Recevez l’otage que je viens de vous envoyer». – Cette lettre porte tous les caractères de fausseté, ainsi que la plupart des pièces rapportées au hasard par Nordberg: elle est datée du 11 juillet, nouveau style; et on n’écrivit à Baltagi Mehemet que le 21, nouveau style; ce ne fut point le czar qui écrivit, ce fut le maréchal Sheremetof; on ne se servit point dans cette lettre de ces expressions «le czar a eu malheur de déplaire à Sa Hautesse», ces termes ne conviennent qu’à un sujet qui demande pardon à son maître; il n’est point question d’otage: on n’en envoya point; la lettre fut portée par un officier, tandis que l’artillerie tonnait des deux côtés (527).
SEC. ibid. Lettre du Tsar. Comme Mr. de Voltaire reconnoit lui-même le ridicul de cette lettre rapportée par Nordberg, on croit qu’il ne vaut pas la peine de la réfuter, ou bien s’il veut en faire mention, que ce soit en peu de mots sans en rap-porter le contenu, ni en faire une critique trop détaillée. Pierre I n’a écrit autre chose qu’une simple lettre de créance pour Shaphiroff parceque le vizir sur la seule lettre du maréchal Sheremetoff ne voulut pas entrer en négociation avec lui. Peut-être que cela a fourni aux ennemis de Pierre I l’occasion de forger cette ridicule absurde lettre dont il est question ici.
Voltaire ne se rendit pas au désir qui lui était témoigné et, à ce qu’il paraît, n’apporta aucune modification au texte primitif.
N. 355. – Sheremetoff, dans sa lettre, faisait seulement souvenir le vizir de quelques offres de paix que la Porte avait faites au commencement de la campagne par les ministres d’Angleterre et de Hollande, lorsque le divan demandait la cession de la citadelle et du port de Taganrock, qui étaient les vrais sujets de la guerre (527).
SEC. p. 17, par les ministres d’Angleterre et d’Hollande. Ajoutés: et en dernier lieu par Castriot envoyé du Hospodar de Valachie.
SEC. ibid. lorsque le Divan etc. Ceci parroit superflu puisqu’on a déjà parlé ailleurs des motifs qui ont porté les Turcs à commencer cette guerre. Ce n’est pas la cession, mais la démolition du port de Taganrock qu’ils avoyent demandé.
Ce fut en vain que ces deux observations furent formulées.
N. 356. – Il se passa quelques heures avant qu’on eût une réponse du grand vizir. On craignait que le porteur n’eût été tué par le canon, ou n’eût été retenu par les Turcs. On dépêcha un second courrier avec un duplicata, et on tint conseil de guerre en présence de Catherine. Dix officiers généraux signèrent le résultat que voici: «Si l’ennemi ne veut pas accepter les conditions qu’on lui offre, et s’il demande que nous posions les armes et que nous nous rendions à discrétion, tous les généraux et les ministres sont unanimement d’avis de se faire jour au travers des ennemis». En conséquence de cette résolution, on entoura le bagage de retranchements, et on s’avança jusqu’à cent pas de l’armée turque, lorsque enfin le grand vizir fit publier une suspension d’armes (528).
SEC. ibid. L’armée Turque avançoit. Les janissaires rebutés par le feu du jour passé ne vouloient pas recommencer l’attaque, quoique dès le matin le grand vizir l’avoit ordonné. On ne faisoit donc que se canonner de part et d’autre. Dans un conseil de guerre, tenu ce matin dans l’armée Russienne il avoit été résolu d’attaquer l’ennemi et de vaincre ou mourir les armes à la main. En voici le résultat: «Si l’ennemi ne voudra pas accepter les conditions qu’on va lui offrir et qu’il demandera que nous mettions bas les armes et nous rendions à discrétion, tous les généraux et le ministre sont unaniment d’avis de se faire jour à travers de l’ennemi les armes à la main en remontant la rivière. De Hallart, Bruce, Osten, Maréchal Sheremetoff, Janus d’Eberstadt, Prince Repnin, Prince Golitzin, Prince Dolgoroukoi lieutenant-colonel aux gardes, Comte Golofkin». – [Note.] NB. C’est uniquement pour la connaissance de Mr. de Voltaire [liste des noms], car il est superflu qu’il mette tous ces noms. – Comme on ne voyait personne revenu du camp turc, on ordonna aux troupes en conséquence de la susdite resolution de marcher à l’ennemi, après avoir fait des chariots une espèce de barricade autour des bagages dont on avait commis la garde aux Cosaques et Moldaviens. Mais à peine furent elles avancées à quelques dizaines de toises que les Turcs envoyèrent dire de n’aller plus loin, puisqu’ils acceptoient la paix. Ils publièrent d’abord un armistice et demandèrent qu’on leur envoya quelqu’un chargé de traiter des conditions de la paix.
Voltaire se servit largement des informations fournies.
N. 357. – Le vice-chancellier Schaffirof alla dans sa tente avec un grand appareil (528).
SEC. p. 18. Le vice-chancellier Shaphirof. Il alla seul dans la tente du grand vizir suivi d’un secrétaire et de deux ou trois autres gens. Ce n’est qu’après avoir reglés les articles du traité que le major-général Sheremetoff fils du maréchal passa au camp turc pour rester auprès du grand vizir conjointement avec Shaphiroff jusqu’à l’entière exécution du traité.
N. 358. – Le premier secrétaire du viziriat (529).
SEC. p. 19, secrétaire d’État de la Porte. Il n’étoit secrétaire du viziriat.
Sic. Ne faudrait-il pas lire: il n’étoit que secrétaire du viziriat?
N- 359. – Dans ce temps-là même le corps d’armée commandé par le général Renne (529).
SEC. ibid. l’Autre armée russe. Le