l’aide des Seldjoukides pendant la guerre contre Roussel de Bailleul – un chevalier normand rebelle qui avait essayé de créer sa propre principauté sur les territoires de l’ancien thème byzantin «Arméniaques» en 1074.
A. Yu. Mitrofanov soulève la question de l’origine mongole éventuelle de la grande dynastie seldjoukide à la lumière de l’influence militaire et politique de l’Empire Khitan Liao au Turkestan d’une manière nouvelle et il donne des arguments intéressants en faveur de cette hypothèse. L’un de ces arguments est l’ignorance délibérée du rôle du facteur mongol dans l’histoire de l’Asie Centrale, une ignorance, qui est caractéristique pour les études orientales soviétiques. Cet argument de l’auteur, en particulier, est basée sur l’opinion de l’archéologue excellent, l’ethnographe et l’artiste M. V. Gorelik. Un autre argument d’A. Yu. Mitrofanov est l’hypothèse originale, d’après laquelle il y a une influence littéraire du “Shahnameh” d’Abulqasim Ferdowsi sur l’histoire de Seldjouk, présentée dans le “Malik-nameh” – une épopée seldjoukide des XIme–XIIme siècles, qui est conservée en fragments grâce au travail de Mirkhond et des autres historiens orientaux tardifs. Dans le cadre de cette découverte remarquable A. Yu. Mitrofanov se réfère également aux travaux de G. V. Vernadsky, qui a noté la propagation du christianisme parmi certaines tribus mongoles aux XIme–XIIme siècles. L’auteur compare ce phénomène de la propagation du christianisme parmi les certaines tribus mongoles à l’hypothèse de la confession chrétienne des certains fils de Seldjouk, en particulier Mikail.
Outrement A. Yu. Mitrofanov examine en détail également les fragments de l’œuvre d’Anne Comnène, consacrés au phénomène de la soi-disante imposture byzantine. D’après A. Yu. Mitrofanov l’un des premiers exemples de l’imposture byzantine se manifesta à la fin du règne de l’empereur Léon III l’Isaurien (717–741) avec l’apparition de l’imposteur Pseudo-Tibère Pergamenos, qui s’est déclaré le fils survivant de l’empereur Justinien II Rhinotmétos (685–695, 705–711). Ce fils de Justinian II s’appelait Tiberius et a été assasiné dans son enfance à l’âge de onze ans en 711 devant les yeux de sa grand – mère – l’impératrice Anastasia. En s’appuyant sur les recherches de Paul Speck et des autres chercheurs[14], A. Yu. Mitrofanov suggère que le récit de la source hypothétique la «Vie de Léon» (*Vita Leonis) sur l’assassinat de Tibère, qui avait été réproduit dans la «Chronographie» de Théophane le Confesseur aurait pu être interpolée pendant la rébellion du Pseudo-Tibère Pergamenos pour le démasquer.
D’après les sources du «dossier» de Georges Synkellos, par exemple d’une hypothétique «Histoire de Léon «(*HL), qui était suivie par Théophane le Confesseur dans le récit de l’histoire byzantine après l’année 718, le Pseudo-Tibère Pergamenos a reçu le soutien du Calife Omeyyade Hisham Ibn Abdal-Malik (723–743)[15]. Cette dépendance des ennemis extérieurs de l’Empire Byzantin était caractéristique des imposteurs byzantins ultérieurs, dont Anne Comnène était contemporaine.
C’est pourquoi A. Yu. Mitrofanov examine outrement en détail les fragments d’Anne Comnène sur le Pseudo-Michel et le Pseudo-Diogène I, et il mentionne la rébellion du Pseudo-Diogène II ou le «Devgenevich» des chroniques russes et de son fils le Pseudo-Prince Vasilko Leonovich. Si le Pseudo-Michel était un protégé des normands et de Robert Guiscard personnellement, le Pseudo-Diogène I comptait sur l’aide du Khan des Cumans Tugorkan, tandis que le «Devgenevich» et le Pseudo-Prince Vasilko se bénéficiaient du soutien et de la reconnaissance officielle du Grand-Duc de Kiev Vladimir Monomaque (1113–1125). Vladimir Monomaque est devenu même un apparenté à l’imposteur et il a épousé sa fille Maritsa à «Devgenevich», dont le fils était le Pseudo-Prince Vasilko. Sur la base de ces indéniables faits historiques, prouvés par A. Yu. Mitrofanov, le phénomène de l’imposture byzantine, qui avait été largement documenté et décrit par Anne Comnène et par des autres historiens byzantins mentionnés par l’auteur se manifeste comme une ancienne stratégie bien connue par les imposteurs du trône impérial de l’Empire Byzantin. Il se répète dans la culture politique russe. Cette circonstance s’est manifestée plusieurs siècles plus tard à l’époque des Troubles (1605–1613) et sous le règne de l’impératrice Catherine la Grande (1762–1796), et ensuite elle a influencé la formation du phénomène des chefs soviétiques et du totalitarisme soviétique.
A. Yu. Mitrofanov explore en détail l’état des forces militaires de l’Empire Byzantin et des normands, qui ont été largement décrites par Anne Comnène, et il arrive à la conclusion sur l’occidentalisation de l’aristocratie militaire byzantine à l’époque de l’empereur Alexis Comnène. A. Y. Mitrofanov critique les certains chercheurs qui affirment qu’Anne Comnène n’était pas l’auteur d’un travail original, mais qu’elle n’a élaboré que les notes de son mari, Nicéphoros Bryennios, qui connaissait bien les affaires militaires. C’est pourquoi A. Yu. Mitrofanov examine ces notes de l’époux d’Anne Comnène, Nicéphoros Bryennios. Grâce à ces recherches d’A. Yu. Mitrofanov il est évident qu’Anne Komnene avait fait des recherches indépendantes et qu’elle avait un accès non seulement aux notes de Nicéphoros Bryennios ou aux témoignages de l’évêque de Bari, comme l’a écrit Ya. N. Lyubarsky, mais aussi aux mémoires perdues de George Palaiologos et Tatikios.
Le Livre d’A. Yu. Mitrofanov «Le Temps d’Anne Comnène» n’est pas une sèche monographie scientifique, mais il est une oeuvre, qui est écrite dans une langue littéraire vivante. Ce livre d’A. Yu. Mitrofanov se compare favorablement aux nombreuses publications modernes sur l’histoire de Byzance. De ce point de vue, il nous semble évident qu’A. Yu. Mitrofanov cherche à imiter son héroïne principale – Anne Comnène.
Comme l’a dit une fois un philosophe, Dieu détermine la longitude de la vie humaine, mais la latitude de la vie s’est déterminée par la personne humaine elle-même. Anne Comnène confirme ces paroles pleinement, car la princesse porphyrogénète de la famille impériale byzantine a réussi à accueillir toute une époque de l’histoire byzantine dans sa vie créative…
Conspectus
Das Buch „Das Zeitalter von Anna Komnene“ von A. Yu. Mitrofanov widmet sich der Reflexion über die Regierungszeit von Kaiser Alexios I. (1081–1118) und seiner Ära im Hauptwerk seiner Tochter Prinzessin Anna Komnene (1083–1153/1154), welches als „Alexiade“ bekannt ist. Wie der prominente Byzantinist und Kunsthistoriker Hans Belting feststellte, wurde Kaiser Alexios I. von Anna Komnene als „lebende Ikone“[16] dargestellt. Allerdings weist A. Yu. Mitrofanov nach, dass trotz des Wunsches von Anna Komnene, eine lobende Biographie ihres Vaters zu schreiben, die „Alexiade“ in Wirklichkeit den Genre-Rahmen des Panegyrischen weit übertrifft und zu einem Spiegel